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Est ce que le Docteur Maléfique peut sauver le monde?
 

Source: Rollingstone.com novembre 2006
http://www.rollingstone.com/news/story/12343892/can_dr_evil_save_the_world/1

Oubliez un futur rempli de champs d'éoliennes et de voitures à hydrogène. Le principal concepteur d'armement du Pentagone dit qu'il a une solution radicale qui arrêterai le réchauffement global maintenant - peu importe quelle quantité de pétrole nous brûlons.
Jeff Goodell

L'été dernier, un groupe élitiste de scientifiques, économistes et officiels gouvernementaux se sont réunis dans la station de ski de Snowmass près d'Aspen, Colorado, pour envisager la fin du monde. La réunion qui a duré une semaine, tenue à l'ombre des 4200 mètres des hautes cimes en haut du village, était organisé par le Forum de la Modélisation de l'Énergie, un groupe d'universitaires et de patrons de l'industrie affiliés à l'Université de Stanford. Quelques mois plus tard, John Weyant, un professeur de Stanford directeur du groupe, a demandé aux participants de considérer un scénario de cauchemar: nous sommes en 2010 et le réchauffement climatique ne se produit pas seulement, il est en train de s'accélérer. La couverture du Groenland et de l'Antarctique de l'ouest fondent à un rythme exponentiel, amenant à une prévision d'une montée des océans de 6 mètres avant 2070. Dans ce scénario, le sud de la Floride disparaît, New-York devient un aquarium et Londres ressemble à Venise. Au Bangladesh seulement, 40 millions de personnes sont déplacées par la montée des eaux. Les sécheresses paralysent la production de nourriture, amenant une famine de grande ampleur. Si vous devez arrêter soudainement les émissions de dioxyde de carbone, a demandé Weyant, comment - à moins d'arrêter l'économie - le feriez vous?

Prolonger les scénarios de ciel bleu n'est rien de neuf pour ces gens. Mais il y avait une urgence supplémentaire dans cet exercice parce que ce n'était plus un ciel entièrement bleu. En Arctique, les choses sont déjà en train de devenir bizarres. Les températures ont augmenté trois fois plus vite que la moyenne globale. L'année dernière, des scientifiques ont découvert qu'une partie de la calotte glaciaire polaire de deux fois la taille du Texas avait fondue depuis que la NASA avait commencé à compiler les données des satellites il y a 27 ans. Certaines études suggèrent que la glace de l'océan arctique pourrait disparaître avant la fin du siècle. Les plaques de glace géantes qui couvrent le Groenland - dont on avait prévu l'augmentation pour encore un siècle - se comportent aussi étrangement. "Nous avions finalement tort", dit Richard Alley, un paléoclimatologue réputé de Penn State. "Les calottes glaciaires rétrécissent, et elles le font avec presque un siècle d'avance sur ce qui était prévu".

Il était clair à l'atelier de Snowmass qu'arrêter soudainement les émissions responsables du réchauffement global nécessiterait plus que d'investir dans des éoliennes. Dans une présentation, Jae Edmonds, responsable scientifique au Northwest National Laboratory, a suggéré que la seule façon de réduire radicalement les émissions sans arrêter l'économie serait de remplacer le charbon et le pétrole par des biocarburants issus de produits génétiquement modifiés, qui non seulement réduiraient la pollution mais absorberaient du dioxyde de carbone pendant leur croissance. Mais un tel changement nécessiterait une expansion massive de l'agriculture, de considérables changement dans l'infrastructure énergétique mondiale, une direction politique audacieuse et des trillions de dollars.

Puis Lowell Wood s'est approché du podium. Âgé de 65 ans, Wood est un homme gros et ébouriffé, grand et large comme un silo de missile, avec une barbe rousse et des yeux bleu pale qui brûlent comme une lueur thermonucléaire. Dans les milieux scientifiques, Wood est une étoile sombre, le protégé d'Edward Teller, le père de la bombe H et architecte du programme de défense anti-missile Star Wars de l'époque Reagan. Comme physicien du Lawrence Livermore National Laboratory en Californie pendant plus de quatre décennies, Wood a longtemps été un des principaux concepteurs d'armement du Pentagone, le gourou sur lequel l'agence s'appuyait pour l'estimation des menaces et le développement des armes. Wood est tristement célèbre pour être le champion de la science extrémiste, des lasers à rayons X aux réacteurs nucléaires à fusion froide, ainsi que pour sa longue affiliation avec l'institution Hoover, un groupe de réflexion d'extrême droite du campus de Stanford. Tout le monde à Snowmas connaissait la réputation de Wood. Pour certains il était un brillant penseur ouvert aux idées originales; pour les autres, il était une incarnation de la science extrême qui tourne mal.

Wood a connecté son ordinateur portable, a projeté sa première diapositive sur l'écran et s'est mis au travail: qu'en est il si la réflexion conventionnelle sur comment faire face au réchauffement global était mauvaise? Et si on pouvait éviter les projets d'échange de carbone, les traités internationaux, l'impasse politique et résoudre finalement le problème? Et si le coût pour commencer n'était pas des trillions mais 100 millions de dollars par an - moins que le prix d'un champ d'éoliennes de bonne taille?

La proposition de Wood n'était pas technologiquement complexe. Elle est basée sur une idée, bien établie par les scientifiques de l'atmosphère, que les éruptions volcaniques altèrent le climat pendant des mois en chargeant le ciel de minuscules particules qui agissent comme des mini réflecteurs, masquant la lumière du soleil et refroidissant la terre. Pourquoi ne pas appliquer le même principe pour sauver l'Arctique? Mettre les particules dans l'atmosphère ne serait pas un problème, on pourrait les produire facilement en brûlant du soufre puis larguer les particules à partir de 747 volant à haute altitude, les répandant dans le ciel avec de gros tuyaux ou même les envoyer avec de l'artillerie navale. Elles seraient invisibles pour l'œil humain, soutient Wood, et inoffensives pour l'environnement. En fonction du nombre de particules injectées, on pourrait non seulement stabiliser la calotte glaciaire du Groenland mais on pourrait la faire grossir. Les résultats seraient rapides: si on commençait à épandre des particules dans l'atmosphère demain, on verrait des changements sur la glace en quelques mois. Et si ça marchait au-dessus de l'Arctique, ce serait assez simple d'étendre le programme pour couvrir le reste de la planète. En fait on pourrait créer un thermostat global, que les gens pourraient augmenter ou diminuer pour répondre à leurs besoins (ou à ceux des ours polaires).

La réaction à la proposition de Wood a été rapide et furieuse. Quelques scientifiques présents, y compris Richard Tol, un modeleur du climat de l'Economic and Social Research Institute de Dublin en Irlande, a trouvé que les idées de Wood méritaient davantage de recherches. D'autres, cependant, ont été outragés par la proposition non scientifique, spéculative et carrément arrogante de ce... ce concepteur d'armement. Le climat terrestre, a soutenu un scientifique, est un système chaotique, envoyer des particules dans l'atmosphère pourrait avoir des conséquences inattendues, comme augmenter le trou dans la couche d'ozone, que nous ne pourrions découvrir qu'une fois le mal fait. Qu'en est il si si les particules avaient un effet sur la formation des nuages, entraînant des sécheresses inattendues sur l'Europe du nord? Bill Nordhaus, un économiste de Yale, s'inquiète des implications politiques: n'est ce pas simplement une façon d'autoriser l'utilisation de plus de combustible fossile, comme donner de la méthadone à un accro de l'héroïne? Si les gens croient qu'il y a une solution au réchauffement global qui ne nécessite pas de choix difficiles, comment pourrons nous argumenter sur le fait qu'ils doivent changer leur vie et réduire les émissions?

Weyant, surpris par le débat "religieux et émotionnel" à propos de la proposition de Wood, a arrêté la discussion avant qu'elle ne se transforme en pugilat. Mais Wood a été enchanté par le grabuge. "Oui, il y a eu quelques discussions animées", s'est il vanté à moi quelques jours plus tard. "Mais un nombre surprenant de personnes m'ont dit: pourquoi n'avons nous pas entendu parler de ça avant, pourquoi ne faisons nous pas ça?"
Puis Wood a exhibé un sourire diabolique. "Je pense que quelques uns d'entre eux étaient prêts pour passer du côté sombre".

Le réchauffement global, comme l'a dit Al Gore récemment, "est la seule crise à laquelle nous ayons jamais fait face qui a la capacité de mettre fin à la civilisation". La solution ultime n'est pas un mystère: parmi les scientifiques du climat, un consensus s'est développé qui est que nous devons réduire les émissions projetées au moins de moitié avant l'année 2050. Mais un petit nombre de scientifiques éminents ont commencé à suggérer que la réduction de la pollution ne peut simplement pas être accomplie assez rapidement pour empêcher un crash planétaire. "Ce n'est pas un but qui peut être atteint avec la technologie énergétique actuelle", dit Marty Hoffert, un physicien de l'Université de New York. "Je pense que nous devons l'admettre et commencer à penser à quelque chose de plus gros".

D'après Hoffert, les 850 centrales à charbon dont la construction est prévue la prochaine décennie ou à peu près dans le monde émettront cinq fois plus de dioxyde de carbone que la réduction apportée par le traité de Kyoto sur le réchauffement global. Ajoutez à cela 100 millions de nouveaux riches chinois se promenant dans leurs 4x4, et vous pouvez voir pourquoi un nombre grandissant de scientifiques croient que nous approchons d'une catastrophe climatique plus rapidement que nous ne le pensons. Paul Crutzen, un chimiste de l'atmosphère respecté qui a obtenu un prix Nobel pour son travail de pionnier sur la diminution de l'ozone, a récemment suggéré qu'il était temps de considérer des options de "dernier recours" - y compris l'idée proposée par Wood et d'autres d'envoyer des particules de soufre dans l'atmosphère.

Pour ses collègues, la volonté de Crutzen de considérer une intervention délibérée sur le climat de la planète est un signe que le débat sur le réchauffement global a changé. "Voici un type qui en connaît plus sur l'atmosphère de la terre que n'importe qui d'autre vivant, et il nous dit que la situation est si désespérée que nous devons penser à intervenir sur l'atmosphère au niveau planétaire", m'a dit un scientifique du climat. "Bien sur c'est effrayant, mais d'un point de vue scientifique c'est aussi très intéressant".

Jusqu'à récemment les discussions sur la géoingénierie - la manipulation intentionnelle à grande échelle du climat terrestre - étaient taboues parmi les scientifiques. Le sujet est largement considéré non seulement comme une distraction dangereuse du travail sérieux sur la réduction des émissions mais aussi comme presque immoral. Lester Brown, un des parrains du mouvement environnementaliste et président du Earth Policy Institute, voit la géoingénierie comme "une autre étape de l'administration de la planète - une chose pour laquelle nous avons déjà prouvé ne pas être très doués. Le principe de la géoingénierie est basée sur une supposition que nous savons comment tout cela fonctionne, alors qu'en fait nous n'en avons aucune idée". Burton Richter, un prix Nobel de physique, écarte aussi l'idée, soutenant que "empiler un problème non compris par dessus un autre problème non compris n'est pas très futé". L'idée a été repoussée il y a quelques mois quand Stewart Brand, fondateur du Whole Earth Catalog et partisan de la géoingénierie a assisté à une réunion avec Al Gore et suggéré de placer un écran solaire géant dans l'espace pour refroidir la planète.

"Gore m'a regardé comme si j'étais fou", se rappelle Brand. Il a perdu son sang froid, "d'accord Brand, faisons une expérimentation avec la planète entière".

Mais bien sur nous menons déjà des expériences avec la planète entière - ça s'appelle la civilisation. Pour continuer à faire fonctionner cette civilisation nous déversons des milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère chaque année et nous commençons seulement à en comprendre l'impact. "En effet, nous manipulons déjà le climat", dit Ken Caldeira, un scientifique haut placé du Carnegie Institution's Department of Global Ecology de Stanford qui a collaboré avec Wood sur la proposition "Sauver l'Arctique". "Nous ne voulons juste pas l'admettre. On peut discuter sur le fait que la seule réelle différence entre ce que nous faisons aujourd'hui et ce que les avocats de le géoingénierie proposent est une affaire d'intention. Et franchement, l'atmosphère n'en a rien à faire de ce qui se passe dans nos têtes".

Plusieurs scientifiques qui soutiennent l'idée de gérer activement le climat terrestre croient qu'il est simplement trop tard pour s'appuyer sur une approche plus graduelle du réchauffement global. James Lovelock, qui a forgé l'hypothèse de Gaïa, comme quoi la planète est un organisme vivant unique, dans les années 60, compare la géoingénierie à la chimiothérapie. "Il y a seulement une petite chance de sauver le patient, mais nous devons l'essayer", dit Lovelock. "C'est une stratégie de survie, un canot de sauvetage qui prend l'eau".

Wood, dont Lovelock fait l'éloge comme un "homme de grande inventivité", comprend comment cette idée est moralement accablante, et comment elle soulève à nouveau une question fondamentale sur notre relation avec le monde dans lequel nous vivons - est ce que nous sommes les gardiens de la terre ou ses maîtres? En fait, la subversion même de la géoingénierie pourrait être une raison pour Wood de la soutenir. "Lowell apprécie de tenir le rôle du Docteur Maléfique", dit Caldeira, dont la propre orientation politique est solidement environnementaliste de gauche. "Mais il lui arrive aussi d'être génial. Et il est une des seules personnes que je connaisse qui pense au côté pratique de la façon d'administrer vraiment le climat terrestre. Je ne pense pas vraiment à lui comme un scientifique - il est un ingénieur de la planète".

Ceci est un extrait de nouveau numéro de Rolling Stone, dans les kiosques jusqu'au 16 novembre 2006.